Un dimanche matin, lors d’une exposition, j’ai
fait connaissance de l’œuvre de Patrick Feys.
Ce qui était supposé être une brève visite,
devint une étrange expérience, dont je ressentis très longtemps l’effet.
Qui veut comprendre le travail de Patrick Feys
doit tout d’abord être prêt à une introspection. Dès le premier contact, le
spectateur ressent la puissance du jeu subtil des contradictions. La dualité est
omniprésente, mais les contraires s’équilibrent, ne nous permettant pas
d’échapper aux messages sous-entendus.
A vrai dire, ses réalisations contiennent,
chacune, une énigme. Ce sont des messages codés que l’on ne comprend qu’après un
intuitif examen de soi.
A première vue on perçoit une sculpture, une
œuvre d’art ; mais, plus cet objet nous imprègne, plus il commence à bouger et à
communiquer avec notre âme. La sculpture devient un miroir de notre propre
‘moi’.
Pour nous aider à comprendre, l’artiste fait des
sculptures monumentales. On ne contemple pas des miniatures mais des œuvres de
taille humaine, ou même plus.
La question n’est pas ‘qu’a voulu dire
l’artiste ?’ mais plutôt ‘quel effet cet objet a-t-il sur moi ?’. Qu’est-ce qui
dans l’œuvre de Patrick arrive ainsi à nous transporter ?
Ce message peut être différent chaque jour ;
puisque chaque spectateur peut, chaque jour, se sentir autre, la portée et la
puissance de ses réalisations peuvent agir différemment.
Car observer avec attention, à cœur ouvert, une
de ses œuvres d’art, est se sentir réellement évoluer avec elle.
Quelques sculptures rayonnent d’une puissance
phénoménale. Elles illustrent la maîtrise de Patrick Feys à assembler des formes
tridimensionnelles et à susciter une tension. Un changement profond peut se
produire chez le spectateur. Les objets évoquent la sérénité, la joie,
l’intimité, l’amour de soi, le respect, la force d’agir, l’unité. Ce sont des
états qui élèvent l’homme bien au-dessus de sa condition terrestre.
Même si la plupart des sculptures sont placées
sur une base étroite, elles restent fortement ancrées dans le matériau. Le choix
pour de l’inox, du métal ou du verre confirme cet ancrage. Et c’est bien par cet
ancrage que le ‘tout’ se ressent si libre et si folâtre.
Les ébauches pour ses travaux lui viennent d’une
inspiration qu’il esquisse sur papier. Par après, ces esquisses sont
retravaillées jusqu’à naissance d’une sculpture monumentale.
Patrick Feys garantit que la concrétisation de
son travail est personnelle. Souder, peindre, poncer ni lui sont pas étrangers
et font partie intégrale du processus de création qu’il traverse avec sa
sculpture.
Regarder l’art devient alors un voyage de
découverte de soi, et l’artiste est le medium par qui passent de mystérieux
messages.
Luc Desmet.
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